Pourquoi ne viens-tu pas vers
moi plus souvent ? Aurais-tu peur de ce que je pourrai dire ou bien de ce
que toi tu pourrais dire ? Tu n’as peut-être pas tort de te méfier. Je
suis là pour vaincre tous les barrages qui empêchent la libre circulation de la
Parole. Et oui, j’insiste sur ce « P » majuscule car il s’agit de
quelque chose de sacré. Tu en découvriras la portée au fur et à mesure de nos
rencontres. Car je ne doute pas que c’est aujourd’hui le début d’une longue
conversation…
Pour l’instant, j’ai envie de
te partager un des aspects de ce que je porte. Je suis loin du bavardage
incessant du mental qui s’agite, commente et raconte sans fin des histoires sur
tout et n’importe quoi, sur tout sauf sur ce qui est réellement important. Bien
souvent, trop souvent, les gens parlent pour ne rien dire, se cachant derrière
des propos futiles, pratique très courante chez vous, les humains.
Je suis là pour enseigner à qui
veut l’entendre ce qu’est réellement la Parole, celle qui compte, celle qui
touche, celle qui est juste puisqu’elle émane du plus profond de toi. Rien à
voir avec le flot quasi permanent des multiples pensées qui te traversent.
Laisse-les de côté quelques instants, elles reviendront bien assez vite.
Le Verbe est créateur, tu as
déjà entendu cela. Mais as-tu réellement compris, perçu, au-delà des mots, de
quoi il est question ? Peu de gens le comprennent car ils cherchent au
mauvais endroit les réponses à leurs questions. Bien souvent, la quête du
savoir, de la connaissance mène aux études livresques et même si certaines
réponses s’y trouvent, même si le mode d’emploi est donné, il manque souvent un
petit quelque chose qui fait que la quête ne s’arrête jamais et se transforme
en une frénésie d’apprentissage, sorte de boulimie beaucoup trop
intellectualisée. Pourquoi ?
Parce que la question
essentielle à se poser est : « Qu’est-ce que je fais de ces
connaissances ? ». Réfléchis y quelques instants et observe : Les
laisses-tu vivre à travers toi ? Bien souvent les mots sont répétés et
partagés bien trop vite, alors qu’ils n’ont pas encore eu le temps de faire
leur œuvre. Le savoir est quelque chose qui se déguste, se laisse lentement infuser
afin de pouvoir révéler sa pleine puissance, sa pleine portée. Ne sois pas
impatiente de parler. Une vérité qui t’habite aujourd’hui sera toujours là demain.
Ce qui change, ce qui passe aussi vite que le vol d’un oiseau n’est pas le plus
important de ce que tu pourrais dire.
Prend le temps de laisser mûrir
ce qui se passe en toi. La Parole ne connaît pas l’urgence car elle porte le
message de ce qui est immuable et essentiel pour toi. Et cela ne change pas d’un
jour sur l’autre, bien au contraire…
En même temps, la Parole peut
être changeante, telle la couleur des feuilles en automne, quand elle exprime
ton ressenti de l’instant face à ce que tu vis. Et c’est bien là ce qui te
semble être un paradoxe, un mélange d’immuabilité et de changement qui parfois
te pousse à te demander si ce que tu as à dire vaut le coup d’être partagé ou
pas.
Et sur ce point, je n’ai qu’une
chose à te dire : Parle. Parle comme si c’était peut-être la dernière
occasion de la faire. Non pas en réaction à ce qui se passe, non pas dans la
croyance qu’il y a quelque chose d’urgent à partager mais tout simplement parce
que c’est là, c’est ce que tu vis.
Et si tu ne sais pas comment
faire, souviens-toi de ce que je t’ai partagé plus haut. Commence par
identifier ce qui se passe en toi, ressens-le pleinement, laisse-toi infuser,
baigner au travers de ce qui t’anime. Et là, quand tu sens que tout ton être
est habité par ton expérience de l’instant, quand tu sens que l’excitation
laisse la place à une sensation de tranquillité, de paix retrouvée, alors sois
sûre que le moment est venu de parler et de partager.
Et depuis cet espace serein et
apaisé, tu verras que l’impact de tes mots n’aura juste plus rien à voir avec
ce que tu connais. Et c’est là que tu comprendras en quoi le Verbe est
créateur.