jeudi 15 novembre 2012

La Brume

Brume matinale, brouillard d’automne, comme un voile qui semble cacher toute chose. Sensation de densité qui côtoie la légèreté d’une présence impalpable. Brume éphémère qui bientôt révèlera un paysage verdoyant, où les collines semblent onduler jusqu’à l’horizon.

Mais pour l’heure, seule une immensité gris pâle emplit l’espace, ne laissant transparaître ça et là que quelques ombres, présences fugitives d’arbres à demi dénudés, précurseurs de l’hiver.

Je suis celle qui gêne, qui obstrue la vision pour un instant, pour quelques heures. Je suis l’occasion fugace pour que tu puisses enfin laisser partir toute tentative de contrôler quoique ce soit. Ma présence t’amène à reconnaître le peu de pouvoir que tu as quand tu es le jouet de ton mental.

Je sais que parfois tu me perçois comme une entrave, un blocage qui t’empêche d’aller de l’avant. Cela peut même être vécu comme angoissant. Mais sois tranquille, le manque de clarté n’est pas là pour te pousser à la réflexion ni faire surgir en toi l’ombre du doute, bien au contraire.

J’apparais dans les moments où ton impatience grandissante donne le pouvoir à tes pensées, entraînant le jeu incessant du mental, boucle sans fin de pensées et de ruminations. Je suis l’opportunité qui te permet un temps d’arrêt, de recul pour peu que tu puisses y voir une invitation à te tourner vers ton intériorité.

Profite de ce moment où l’action la plus juste est celle de ne rien faire si ce n’est ressentir les inspires et expires de la Vie.

Si tu te laisse toucher par la douceur du moment, par la blancheur qui t’entoure, alors le malaise se diluera peu à peu, laissant la place au calme et à l’apaisement.

Il y a un temps pour chaque chose en ce monde, chacune étant porteuse du cadeau de l’instant. Et même si tu n’en vois pas le sens, accueille-le comme une bénédiction, une grâce éphémère et laisse toi envahir par cette indicible sensation.

Alors la brume se dissipera, le paysage à nouveau se dévoilera, laissant la place à une clarté renouvelée, comme l’aube succède à la nuit.